Juste une sortie!

[Anju Kiyoshi]

Mercredi 1er avril 2009

La répétition dura deux heures. *Trop court !* ronchonna Anju. Amoureuse de la musique, les moments où elle devait quitter la salle étaient toujours difficiles. Dans la loge, ses amies parlèrent de faire une sortie cette nuit. Elle réfléchit à la proposition. Elle savait que si elle rentrait, il n’y aurait personne pour l’accueillir. Thomas et sa mère allaient fêter le ‘jour de leur rencontre’ dans un restaurant de luxe. S’emparant brusquement du téléphone portable, elle le fit sonner. On décrocha : "Allô?"

La jeune fille demanda l’accord de sa mère pour sortir avec ses camarades de la chorale. Ce fut un combat entre têtues. ‘Telle mère, telle fille’ : Anju l’avait entendu des centaines de fois. En effet, sa mère s’opposait à cette sortie et c’était comme d’habitude un refus catégorique. Mais soudain, parmi le son des couverts se cognant entre eux, une douce voix grave se fit entendre derrière la voix de la mère furieuse. "Laisse-la sortir. Il faut bien qu’elle se fasse des amis et passer du bon temps avec eux ma chérie !" Puis d’une voix sensuelle, il ajouta : "Et nous aussi, nous allons passer un bon moment en tête à tête ce soir~"

Gagné ! *Merci Thomas !*
Elle rentra pour se préparer. Au départ, l’idée était d’aller chez une des amies de la troupe pour boire un coup et parler de tout et de rien. Mais les minutes passèrent et les avis changèrent comme de chemise. Haut blanc, short gris-kakie, collant bordeaux, bottes, cheveux attachés en queue de cheval sur le côté, la voilà prête pour aller en boîte de nuit. C’était la première fois qu’Anju allait assister à une telle soirée alors s’il y avait une façon pour s’habiller dans le but d’y participer, elle ne la connaissait pas et elle s’en moquait bien ! Elle pensa alors à sa mère grognant si elle avait su la chose.

Enfilant sa veste et attrapant son sac, elle fit le chemin en métro et arriva au lieu de rendez-vous : les jardins du Trocadéro. Il était 21h14. La réunion devait avoir lieu dans une trentaine de minutes.

Mince ! Elle était venue trop tôt !

S’asseyant au bord de la célèbre fontaine de Varsovie, elle décida d’attendre. Le bruit de l’eau était agréable à l’oreille. Son regard se tourna vers ces lumières bleutées. Les eaux formèrent des gerbes qui finissaient leur course dans des escaliers d’eau. Attirée par les reflets, elle les contempla avec passion sans faire attention au monde autour d’elle...

[PNJ]

La nuit était tombée depuis trois heures environs, et le vampire avait quitté sa planque assez rapidement. Il était dans une sale situation ces derniers temps. Il avait vu ses semblables, avec qui il partageait une piaule, mourir dans d'atroces souffrances après s'être frotté à des Chasseurs.
Les rumeurs qui couraient à propos de leurs nouvelles armes ne lui paraissaient plus tout à fait exagérées.
Il avait dû abandonner sa piaule et se trouver un refuge pour les quelques jours qui venaient de s'écouler. A présent qu'il pensait avoir correctement effacé sa trace, il songeait à se retrouver un endroit plus approprié et de nouveaux alliés.
Et surtout, il cherchait une goule, qui lui serait d'une aide précieuse pour tout ce qui concernait les activités diurnes. Mais il lui fallait trouver une bonne goule, ces précédentes tentatives n'avaient pas été convaincante.

Le vampire déambulait dans les rues, à la fois pour se nourrir et pour trouver une goule potable. Ses pas l'avaient menés aux jardins du Trocadéro qui étaient quelque peu désertés à cette heure tardive. Une jeune femme assise sur la rebord de la fontaine attira son attention. Elle était jeune, asiatique, mignonne, paraissait en bonne santé et bien que petite, elle n'avait pas que la peau sur les os.
Il regarda tout autour, et demeura immobile quelques minutes, essayant de voir si elle était bien seule. Il finit par s'approcher d'elle, il y avait encore quelques personnes, cela l'empêchait de la mordre tout de suite.


" Excuse-moi, est-ce que je peux te déranger quelques minutes ? Ne t'inquiète pas, je ne te veux aucun mal. "

Il parlait avec distinction et faisait tout pour la mettre à l'aise. Il savait bien que c'était ce genre de méthode qui fonctionnait le mieux avec les jeunes femmes de cette génération. La jeune femme pouvait voir en face d'elle un jeune homme d'apparence soignée, le stéréotype du Jeune Cadre Dynamique.

[Anju Kiyoshi]

Alors qu’Anju était perdue dans la contemplation de la fontaine et ne faisait guère attention aux passants, elle fut interrompue par un jeune homme élégant se présentant à elle. C’était un ‘beau gosse à faire tomber les nanas’ comme le décrirait si bien ses amies. Hé oui, la jeune étrangère notait toutes les fameuses répliques qu’elle entendait et elle les retenait. C’était une de ses manières de faire pour apprendre studieusement la langue. Cependant, bien qu'avec un corps "bien construit", le complet de l’homme l’intimida quelque peu au départ. C’était une campagnarde depuis sa naissance au pays du Soleil Levant après tout.

Il était toutefois temps qu’elle apprenne à s’adapter à voir des gens d’un milieu plus aisé. Evidemment, nous sommes à Paris ! Optimiste, optimiste ! Intimidation volatilisée ! La voilà plus en admiration devant l’élégance de cet inconnu. Et puis depuis sa jeunesse, on lui avait toujours appris à sourire. ‘Un sourire, c’est gratuit, ça ne demande aucun effort, et ça fait plaisir à la personne qui le reçoit et à soi-même.’ Si elle pouvait rendre service à quelqu’un, ça lui ferait encore plus plaisir !

Toujours assise sur le rebord de la fontaine, elle leva les yeux pour observer le visage de son interlocuteur et s’empressa de répondre en étirant les lèvres vers le haut :
"Oui ? En quoi pourrais-je vous aider ?" fit-elle avec un accent.

[Adam Touzeau]

*Saleté de blessure à la jambe, m'auront fait chier jusqu'au bout les cinq abrutis...*

Adam clopinait sans entrain, ronchonnant mentalement. Il était vraiment d'une humeur massacrante, chose qui n'arrivait pas souvent ; mais les récents évènements avaient eu tendance à l'achever.

Il avait heureusement à peu près retrouvé figure humaine, seul point positif qu'il voyait pour le moment. Il disposait de nouveau de l'usage de ses deux yeux, et la bosse ainsi que le coquart avaient fini par régresser un peu. La blessure à la jambe par contre, c'était une autre histoire. Elle était plus profonde qu'il ne l'avait cru au début, et le gênait considérablement. Normalement il aurait dû être confiné à l'immobilité totale, ce qui dans l'absolu n'aurait pas été si dérangeant que ça ; mais vivant seul, il était bien obligé de se déplacer pour aller chercher de quoi manger et autre. L'absence d'ascenseur dans son immeuble s'avérait plus que pesante... Et impossible de joindre Eve, évidemment. Elle avait autre chose à faire que de venir s'occuper de son frère. Résultat, il était obligé de se déplacer comme il pouvait à l'aide d'une canne, objet d'un pratique douteux.

Et pour finir, il avait dû traverser Paris pour aller dépanner un collègue Marcheur sur Verre qui faisait honte à son nom, tellement son empathie avec les ordinateurs était faible. Mais bon, Adam était assez incapable de dire non, surtout quand il s'agissait de quelqu'un de la tribu. Cependant, la réparation de sa machine avait duré plus longtemps que prévu. L'ordinateur était vraiment dans un sale état, et le lupin avait passé quasiment toute sa journée à le remettre d'aplomb. La sensation d'avoir perdu son temps supplantait même la satisfaction du travail bien fait.

Une fois sa tâche effectuée, Adam ne s'était pas attardé. Il avait salué son collègue, puis avait regagné la rue. Il jeta un coup d'oeil à sa montre ; neuf heure et quart. Devait-il prendre le métro pour rentrer, ou sacrifier un peu d'argent pour le confort d'un taxi ? Quoi qu'il en soit, il devait traverser le Trocadéro. Poussant un soupir, il empoigna sa canne et commença à marcher.


La canne, ça avait été marrant au début. Ca rappelait le médecin ronchon dans cette série à la mode, là. Mais au final, c'était franchement pesant. S'appuyer dessus lui broyait l'épaule et lui brûlait la paume de la main. Il avait vraiment hâte de s'en débarrasser.

Il était fatigué et le court trajet qu'il effectua à travers le parc suffit à l'essouffler. Il avait mal au bras et à la jambe, aussi se décida-t-il à faire une pause. Il s'approcha de la fontaine qui se trouvait non loin, et s'assit sur le rebord, histoire de se reposer les giboles cinq minutes. L'air ailleurs, il observa la chinoise et le type en costard qui se trouvaient juste à côté. Drôle de couple...

[June Valmore]

[Suite du topic "A université bloquée, journée de liberté"]

Besoin de prendre l'air. Loin du parc de la cité internationale. Seule... Sans personne...

June avais piqué jusqu'à la gare Montparnasse, puis avait remonter les boulevards Pasteur, Garibaldi et Grenelle. Elle avait préféré y aller à pied, marchant de nuit dans les rues de Paris. Le métro, elle ne l'affectionnait pas vraiment. Tout comme les espaces confinés où grouille un monde monstre. Les concerts... Les musées... Elle les évitait. Pourtant, elle adorait les lieux culturels comme ses derniers, et ce n'est qu'à de très rares occasions qu'elle s'y rendait, souvent quand elle y était contrainte et forcée.

Arrivée au bout du boulevard de Grenelle, elle traversa le pont de Bir-Hakeim et s'y arrêta un instant. Elle n'avait toujours pas marqué de pause dans sa marche efreinée. Non loin, des bateaux mouches faisaient demi tour au niveau de la Tour Eiffel. De nombreux visiteurs et habitués s'engouffraient dans les embarcations, certains préférant être à l'intérieur, d'autres à l'extérieur. Une chance, le temps était clément pour eux et ils pourraient profiter des différents bâtiments de la Capitale illuminés de milles feux. Un bateau quitta le quai et se mit à voguer sur les flots, partant de la base de la grande structure de métal construite pour l'Exposition Universelle de 1889, pour aller vers l'Ile de la Cité.

June eut un petit sourire, se disant qu'un de ses jours, il faudrait qu'elle y retourne. Puis, elle continua sa traversée et longea la Seine sur l'avenue de New York jusqu'aux jardins du Trocadéro. Elle s'avança dans l'allée verdoyante en ce début de Printemps, et s'installa sur la margelle de la fontaine.

La jeune femme ouvrit son sac, y plongea sa main à la recherche de son paquet de cigarette pour en prendre une. Elle fouilla dans la poche arrière de son jean et sortit son Zippo pour allumer son petit cylindre de tabac. Elle ferma les yeux, se délectant de cette vague de nicotine salvatrice qui lui calma ses nerfs mis en pelote par ce satané Arpenteur, et tout en recrachant nonchalamment sa fumée, elle jeta un oeil sur ce qu'il y avait autour d'elle... à savoir une asiatique et un gars en costard cravate qui ressemblait à un homme d'affaires... ainsi qu'un autre type avec une canne dont elle ne put reconnaître la véritable nature, son sens olfactif perturber par la cigarette.

[PNJ]

La jeune femme mit un peu de temps avant de répondre, mais elle l'accueillit avec un grand sourire éblouissant qui, de son point de vue à lui, transpirait la naïveté humaine.

" Je te remercie. En fait mon téléphone portable vient de rendre l'âme et je suis bloqué car je dois passer un coup de fil urgent. "

Il fit une pause pour sortir son propre téléphone portable, un modèle récent et design de Samsung et le montrer d'un air déconfit en haussant des épaules.

"Est-ce que tu aurais l'amabilité de me prêter le tiens ? Je vais transférer ma carte SIM au tiens, comme ça je prendrais le coût sur mon forfait, et je reste à côté pour que tu sois sûre que je ne vais pas te le voler. Est-ce que tu veux bien m'aider, s'il te plaît ? "

Le vampire jeta de nouveau un coup d'œil discret, remarquant la présence de deux autres personnes au bord de la fontaine, un homme avec une canne et une femme. Il pesta intérieurement contre cette malchance avant de recentrer son attention sur la jeune femme, attendant sa réponse.

[Anju Kiyoshi]

*Ouaaah !*

Oui oui, vous n’avez pas rêvé, ce fut la marque d’une fascination qui se lit sur son visage quand ce portable samsung d’un design de qualité apparut sous ses yeux. La technologie avait beau être avancée dans son pays d’origine, si on n’a pas de sou, on n’a pas de nouveauté. La jeune fille ne connaissait peut-être pas grand-chose en informatique, mais pas besoin de connaissance en cette matière pour admirer l’esthétique de la chose.

Bien évidemment, Thomas lui avait offert une belle somme d’argent pour qu’elle se rende à un magasin de mobile et qu’elle achète un téléphone portable francophone toute seule. Mais la majorité de la somme n’avait pas été utilisée. Comment pouvait-elle utiliser une si grosse somme d’argent ? Elle préféra le garder pour le dépenser à quelque chose de plus essentiel… comme la nourriture ! Enfin enfin, ce n’est qu’un exemple voyons ! Et cet argent, elle avait bien essayé de le rendre à Thomas, mais celui-ci refusa et au final, cette somme se retrouva sur le compte de cette dernière.

Bref, elle avait choisi un portable pas trop récent, ni trop vieux, dans une couleur rose bonbon avec clavier et sans fonction spéciale. Oui oui, un portable sert uniquement à appeler ! Bien sûr, cela ne l'a pas empêché d'y ajouter un peu de fantaisie sur son mobile, à savoir plein de mini-stickers pour une personnalisation.

Par contre, elle cligna plusieurs fois des yeux en fronçant légèrement les sourcils quand le gentleman lui parla d’une carte, à savoir, une carte d’un drôle de nom. Elle se rappela avoir entendu le vendeur de mobile en parler. Mais bon, à quoi bon y penser ? Cet homme en avait vraiment besoin et il semblait s’y connaître. Si cela peut aider, tant mieux ! Et puis il avait l’air vraiment sympathique et honnête dans ses propos.

"Oui, allez-y" fit-elle en lui présentant immédiatement son portable qu’elle sortit de son sac à main. Elle fut tellement concernée par la demande d’aide de cet inconnu qu’elle ne fit pas attention autour d’elle.

[PNJ]

L'homme retint son sourire hautain en voyant l'expression fascinée de la jeune femme. On aurait dit qu'elle venait de voir le Saint Graal.
Il essaya d'afficher un sourire aimable alors qu'elle sortait son propre portable. Un simple appareil pouvait en dire long sur son propriétaire, sur ses goûts, sa personnalité et ses moyens. En voyant celui de l'inconnue, il la catalogua aussitôt dans la catégorie "jeune excentrique qui refuse de grandir"

Il se garda bien sûr de toute réflexion, analyser et cibler les besoins des gens faisait partie de son travail, il ne pensait pas à mal en la cataloguant ainsi. Il sortit sa carte SIM et fit de même avec celle de la jeune femme, les échangeant avant de passer son coup de fil.

* Ces deux-là m'emmerdent vraiment *

Il pensait à l'homme et à la femme qui s'étaient assis sur le rebord de la fontaine et qui l'empêchaient d'agir sur place. Il donna son portable à la jeune femme en lui offrant un sourire aimable, avant de s'éloigner de quelques pas et de faire semblant de parler avec quelqu'un au bout du fil, ce qui lui faisait gagner du temps. Il ne parlait pas trop fort de sorte qu'on ne pouvait entendre clairement sa conversation factice. Quelques bribes purent s'échapper et parvenir aux oreilles de l'asiatique, des mots tels que : contrat, publicité, jeune talent, argent, promotion.

[Anju Kiyoshi]

Anju resta abasourdie. Non seulement cet homme venait d’un milieu aisé, mais en plus il semblait avoir un travail spécial à la recherche de la célébrité. La personne dont il fait allusion en parlant de "contrat, publicité, jeune talent, argent, promotion" était vraiment chanceuse selon elle. La jeune asiatique se tournant vers les lumières bleutées de la fontaine, commença alors à rêvasser, pensant que c’était elle qui avait été choisie. Elle se voyait sortir d’une superbe limousine comme les stars à la télévision, avec un chauffeur lui ouvrant la portière, puis descendue de la voiture de luxe, elle marcha sur la magnifique texture du tapis rouge sous sa paire de sandales blanches. On l’acclamait haut et fort, les flashs des appareils photos travaillaient sans arrêt. En continuant d’avancer et en observant le public, elle ne fit pas attention au marche et trébucha maladroitement. Mais là, son prince charmant arriva et la prit dans ses bras pour qu’elle ne tombe pas. Oui oui, les VRAIES stars ne tombent pas au sol ! Et ce prince charmant avait le visage de ce gentleman là-bas, qui parlait au téléphone. Et si c’était son manager ? Il était séduisant et honnête !
Bref, l’argent n’était pas le plus important pour Anju, mais si elle pouvait acquérir un public et chanter pour eux, ce serait le comble !

La fille chimérique poussa un petit rire. Elle contempla alors cet homme bien habillé qui continuait à parler au téléphone en attendant qu'il ait fini sa conversation. Soudain, elle se réveilla de son rêve et paniqua. *Quelle heure il est ?* Elle avait un rendez-vous et elle ne voyait pas encore ses amies. Il n’est sûrement pas encore l’heure. Pourtant, elle avait l’impression d’avoir passé beaucoup de temps ici. Elle ne pouvait pas vérifier l'heure sans son portable. Préférant s’éclaircir, elle regarda autour d’elle pour apercevoir sur sa gauche, un homme avec une drôle de canne et une femme qui fumait. Elle s’adressa alors à la personne la plus proche d’elle, à savoir le garçon à la canne : "Excusez-moi, qu’elle heure est-il s’il vous plaît ?"

A la vue de cette canne, Anju commença à avoir un regard attendrissant et se posa des questions.

[Adam Touzeau]

Adam se reposait ses membres fatigués, regardant nonchalamment autour de lui. Outre la gosse asiatique et le type en costume, il y avait une autre jeune femme qui venait d'arriver. Le lupin la reluqua un instant, l'air appréciateur. L'inconnue sortit une cigarette, et une bouffée de fumée accompagnée d'une odeur particulière lui parvint, sans qu'il ne puisse l'identifier.

Lorsque le type dégaina son téléphone, l'attention d'Adam fut aussitôt accaparé par ce dernier. Il pouvait remarquer une jolie fille, mais un tel bijou de technologie se plaçait plus haut sur l'échelle de son intérêt. Superbe appareil. Le lupin aimait toutes les formes de machines sophistiquées, et les portables se rapprochaient assez des ordinateurs, ses chouchous en la matière. Lui-même ne disposait que d'un modèle assez basique (enfin, qui prenait quand même des photos et pouvait se connecter sur Internet, c'était le minimum !), plus pour une histoire de budget restreint que par choix personnel. Il préférait réserver son argent pour les ordinateurs.

Le portable flashy de la gamine l'intéressa un chouia moins. C'était un modèle sans intérêt, et d'une déco assez repoussante, selon l'avis du jeune homme. Enfin, ça devait plaire aux filles de son âge. Quand même, quel âge pouvait-elle avoir ? Seize ans, quinze ans ? Elle faisait assez jeune, trop pour trainer seule dans Paris à la tombée de la nuit. Enfin, c'était son problème, il n'allait pas jouer les nounous.

Son attention dériva de nouveau, et il se mit à rêvasser, si bien qu'il ne se rendit pas tout de suite compte que la jeune fille lui avait adressé la parole. Indécis, il se tourna vers elle, et son cerveau intégra enfin la question qu'elle venait de lui poser. Il remonta la manche droite de son sweat qui masquait sa montre et y jeta un coup d'oeil.

-21h30.

Son regard se porta sur le portable sophistiqué de l'homme en costume, qu'elle tenait à la main, sans remarquer l'expression emplie de compassion lorsqu'elle regarda sa canne. Il n'avait pas suivi le sujet de leur conversation et n'avait pas fait attention à leur échange, aussi supposa-t-il qu'ils se connaissaient, et sans plus poser de questions dévora l'appareil avec un regard plein d'envie. Sur une impulsion, il finit par demander :

-Bel engin... C'est quoi le modèle exactement ?

Il aurait bien aimé l'examiner, mais il doutait qu'elle le confie à un inconnu, surtout si ce n'était pas le sien.

[Anju Kiyoshi]

Il était 21h30. *Encore quinze minutes. Elles ne devraient pas tarder à arriver…* Mais plus que l’histoire de l’heure et de ses amies, Anju fut concernée par la condition physique de l’homme à la canne. Elle aurait bien aimé demander comment il allait, comment il a fait pour en arriver là, est-ce qu'il se soigne bien, mais ce serait peut-être impoli en tant qu’étrangère. Elle remarqua alors brusquement que l’homme infirme l’observait. Petit détail sûrement pensa-t-elle, même si ça la gênait un peu. Mais la question sur le fameux portable qu’elle tenait la fit comprendre qu’elle s’était trompée. Il ne l’observait pas particulièrement, il regardait le portable de M. le gentleman ! Zut, elle avait d’ailleurs complètement oublié qu’elle l’avait entre les mains.

En tout cas, discuter avec elle de l’électronique et de l’informatique était peine perdu. Elle n’y connaissait pas grand-chose dans ce domaine. Mais il ne faut pas perdre espoir ! Elle tourna alors le portable vers le haut, vers le bas, vers la gauche et la droite, essayant de chercher quelque chose d’écrit, à savoir la marque, ou un truc du genre. Ce serait trop frustrant de ne pas pouvoir lui répondre, lui qui sembla si intéressé.

"Hum… un samsung ?" essaya-t-elle.
"Mais ce portable n’est pas le mien, continua-t-elle. Il appartient à ce monsieur là-bas." Tout en parlant, elle tourna la tête vers l’inconnu bien vêtu pour indiquer le propriétaire de ce mobile design à l’homme à la canne.

Et d’un sourire gêné, elle ajouta : "Il serait préférable que vous le lui demandiez quand il reviendra. Il a sûrement bientôt fini."

La voilà soulagée, elle aura au moins essayé !

"Hum... excusez-moi, mais est-ce que votre jambe va bien?"
Et voilà, la question fut posée. Etait-ce par curiosité ou par compassion? Même si elle ne savait pas comment la formuler, elle brûlait l'envie de lui demander et c'était sortie tout seul!

Au même moment, la fumée de la cigarette de la femme élégante lui parvint et irrita quelque peu sa gorge. En effet, elle n'y était pas très habituée. Mais elle ne dit rien. Après tout, chacun avait son droit de faire ce qu'il lui plaisait!

[Adam Touzeau]

* Un Samsung, ça j'avais remarqué, mais encore... *

Adam retint un soupir d'exaspération, puis de justesse l'expression de résignation patiente qu'il avait failli afficher. Après tout, elle n'y était pour rien si elle ne s'y connaissait pas en portable, et puis ce n'était pas le sien, elle avait une excuse. Mais le lupin ne pouvait s'empêcher de manquer d'indulgence avec les ennemis de la technologie. Il fit un effort pour se montrer tolérant et afficha un sourire. Heureusement pour elle, la jeune fille débordait tellement de candeur et d'innocence qu'elle inspirait naturellement la sympathie. La voir examiner l'appareil sous toutes ses coutures avec un air d'écolière appliquée était assez comique.

Sa bonne volonté était presque effarante. Après avoir fréquenté Eavan pendant un bout de temps, c'en était reposant. Ce fut sans doute le souvenir de la jeune femme revêche qui radoucit Adam, qui se dit que finalement, il existait des gens sympathiques, naïfs et plein d'entrain dans ce monde de brutes. Il avait presque fini par en douter, au vue des derniers évènements qu'il avait vécu.

-Merci quand même, ce n'est pas grave.

Il doutait que l'homme classieux accepte qu'il observa son portable. Il y avait peu de chance qu'il soit aussi accommodant que la jeune fille. Apparemment, les deux ne se connaissaient pas. Décidément, l'asiatique semblait avoir le chic pour copiner avec les inconnus. A son âge, batifoler seule de nuit dans Paris n'était pas très malin, mais si en plus elle allait bavarder avec les premiers venus... Il était surprenant qu'elle soit encore en vie.

"Hum... excusez-moi, mais est-ce que votre jambe va bien?"

Il remarqua enfin qu'elle fixait sa jambe d'un air inquiet depuis un moment. Simple curiosité ou altruisme exacerbé ? Décontenancé, Adam ne sut d'abord que répondre ; bien sûr que non, ça n'allait pas, sinon il ne se trimballerait pas avec une canne ! Question stupide...

-Ben, pas vraiment non, mais je fais aller. Rien de grave, si ça peut vous rassurer.

C'était bizarre de tutoyer une fille si jeune. Il réfléchit une seconde et ajouta d'un ton aimable.

-Mais c'est gentil de vous inquiéter pour moi.

[Anju Kiyoshi]

-Ben, pas vraiment non, mais je fais aller. Rien de grave, si ça peut vous rassurer. Mais c'est gentil de vous inquiéter pour moi.

La japonaise poussa un léger soupir de soulagement discret et esquissa un sourire franc. "rien de grave", c'était ce qu'elle souhaitait entendre. En effet, s’il avait à se coltiner une telle jambe toute sa vie, ça aurait été un sérieux handicap. Elle se remémora d’un bon vieil homme de la campagne qui ne possédait pas ses deux jambes. C’était affligeant de ne pouvoir rien faire, le voir assis là, sur un fauteuil roulant, dans un coin à observer les passants en tressant des chapeaux en paille. Pourtant, bien qu’il fende le cœur des gens qui le voyaient, il n’avait jamais montré un signe de lassitude. Ca faisait depuis longtemps qu’il était comme ça, vieil homme d’environ quatre-vingt-dix ans, il était encore lucide dans ses propos. Il refusa de rester assis à ne rien faire même s’il recevait de l’aide. Oui, c’était une personne âgée admirable qui vendait des chapeaux de paille. Anju l’appréciait énormément. Elle venait lui parler, et l’aider à vendre de bon cœur. Elle lui ramenait souvent des brioches blanches, sans farcies, c’était ce qu’il aimait le plus. Et lui, il lui racontait bien des anecdotes pendant leur dégustation de bon petits pains asiatiques! Quels agréables souvenirs.

Bref, cette soirée commençait bien selon la jeune étrangère. Elle avait pour l’instant fait la connaissance de deux hommes avec lesquels, la conversation passait plutôt bien pour un début. Et puis, elle allait découvrir ce qu’est une boîte de nuit, elle qui n’y avait jamais mis les pieds auparavant. Cela l’enthousiasma et elle avait hâte que ses amies viennent !

Son regard se tourna vers sa première connaissance et attendit que ce dernier eut fini pour reprendre son portable, en espérant que ce coup de file lui avait été utile !

[PNJ]

L'homme s'était aperçu que sa proie discutait avec l'homme éclopé, et cela ne l'arrangeait pas du tout. Etait-il utile de faire des efforts pour prendre la jeune femme dans ses filets ou pas ?
Il mit fin à sa fausse conversation, se disant qu'il valait mieux s'y mettre dès maintenant.

Avec un sourire charmeur il revint vers l'asiatique. Il retira la carte SIM du téléphone flashi et lui tendit l'appareil.

" Merci beaucoup mademoiselle. Tu m'as bien dépanné, je te dois une fière chandelle. "

Il marqua une courte pause avant de reprendre, toujours sur un ton calme qui mettait en confiance.

" Mais dis-moi, que fais-tu ici toute seule à une heure pareille ? As-tu besoin d'être raccompagnée quelque part ? Ou bien as-tu du temps pour que je m'acquitte de ma dette en t'invitant à boire un verre ? "

Grâce à son attitude sérieuse, il espérait ne pas se faire passer pour un dragueur de midinette. Il avait essayé d'y mettre les formes, sans paraître insistant ou menaçant.

[Anju Kiyoshi]

Anju regardait l’homme chic couper le téléphone et se rapprocher d’elle. Est-ce que tout allait bien ? Finalement oui, vu le sourire du gentilhomme. Elle avança sa main pour le reprendre quand il le lui tendit. Mais Petit Problème ! C’était où qu’il fallait remettre sa petite carte SIM qu’elle tenait au bout de ses doigts ? Elle n’ouvrait pratiquement jamais la plaque derrière le téléphone portable où se situait la batterie.

Au remerciement du gentleman, Anju lui retourna le sourire et répondit : "Non, non, ce n’est rien." Et elle ne mentait pas. Elle n’a pratiquement rien fait. Elle lui avait juste remis son portable. Ce n’était vraiment pas grand-chose selon elle.

" Mais dis-moi, que fais-tu ici toute seule à une heure pareille ? As-tu besoin d'être raccompagnée quelque part ? Ou bien as-tu du temps pour que je m'acquitte de ma dette en t'invitant à boire un verre ? "

"Non, ne vous inquiétez pas. J’attends des amies" fit-elle. Par contre, boire un verre avec lui ? C’était peut-être trop exagéré. Elle trouvait qu’elle n’avait rien fait qui le méritait. En effet, il ne fallait pas du courage ou un effort considérable pour prêter un portable. Elle avait juste voulu l’aider de bon cœur et c’était fait. Quoiqu'elle voulait bien en savoir plus sur lui. Garder contact ne serait pas une mauvaise idée? Elle ne savait vraiment pas.

Avec un visage gai, elle lança de façon mécanique : "Vraiment, ce n’est pas grand-chose !" Oui, elle continuait de réfléchir.

Puis jetant un regard hésitant, elle montra sa fameuse carte SIM et demanda alors avec un sourire gêné à voix légèrement basse : "Heu… serait-ce possible que vous me remettez cette petite chose dans mon portable s'il vous plait?"

Elle serait bien embêtée si jamais on essayait de la contacter dans l’immédiat!

[PNJ]

[HJ : n'oubliez pas que la priorité est donnée aux relations entre PJ, n'hésitez pas à ne pas attendre d'intervention du PNJ pour rôler entre vous ]

L'homme ne manqua pas de noter l'absence de réponse à sa proposition. Il songea qu'il avait été sans doute un peu trop direct. Mais il n'était pas à son avantage, avec les deux autres personnes autour, deux témoins gênants. La fille attendait des amis, son plan tombait à l'eau, mais il lui restait encore quelques tours dans son sac.

" Bien sûr, excuse-moi je te la remets de suite. "

Il replaça les cartes SIM dans leurs appareils respectifs et rendit le sien à la jeune asiatique en la gratifiant du sourire basique du cadre poli. Il réfléchit à la meilleure manière de parvenir à ses fins et se souvint alors du regard émerveillé de la jeune femme quand elle avait vu son portable dernier cri.

" Dommage que tu sois prise ce soir, mais si tu veux, tu peux passer à mon agence. Si ça t'intéresse il nous reste des téléphones récents. On nous les offre comme cadeaux promotionnels mais du coup on en a beaucoup trop. Je suppose qu'ils seront plus utiles entre les mains de jeunes gens tels que toi que dans un carton. "

Disant cela, il lui donna une carte professionnelle sur laquelle était marqué : Agence OCCA - Publicité - Marc HUBOR chargé de recrutement.
Un numéro de téléphone était inscrit, ainsi qu'une adresse et un e-mail.

" N'hésites pas à passer, notre agence est dans le 17ème. Demande-moi et je me ferais un plaisir de te recevoir. Pour me présenter correctement, je suis Marc Hubor, enchanté de te connaître. "

[Adam Touzeau]

Adam observa d'un air soupçonneux l'homme se rapprocher d'eux. Son instinct se dressait contre ce type, sans qu'il ne sache pourquoi ; il ne le sentait pas, c'est tout. En temps que lupin, son intuition était plus élevée que celle d'un humain normal, et il avait tendance à faire confiance à ce genre de pressentiment. Alors que l'élégant se rapprochait, le Marcheur sur Verre perçut, malgré l'odeur de la cigarette de la jeune femme non loin, une très légère odeur qui ne pouvait pas le tromper : celle du sang.

Le lupin frissonna, hérissé par cette effluve. Un vampire ou une goule – c'était bien sa veine, d'être tombé sur une créature pareille. Enfin, il était peu probable qu'il s'en prenne comme ça à trois personne dans un lieu aussi découvert. Mais il resta sur ses gardes ; il préférait qu'il ne s'en prenne pas à lui, avec sa blessure il était encore plus vulnérable qu'à l'habitude, aussi le surveillait-il en coin.

Il écouta le discours de l'homme avec un dégoût refoulé. La jeune asiatique risquait d'avoir des ennuis, si elle se laissait avoir par l'offre attirante du type. Il ne se donnait certainement pas autant de mal pour boire son sang ; il cherchait plus probablement un serviteur, ou quelque chose dans ce genre, Adam n'était pas forcément très renseigné en matière de coutume vampirique.

Embêté, il se resta silencieux, ne sachant pas vraiment quoi faire. La gosse lui faisait pitié, et il l'aurait volontiers tirée des sales pattes de cette sangsue. Mais d'un autre côté, il n'avait aucune envie de s'attirer des ennuis en se mêlant de ce qui ne le regardait pas. Dilemme.

Bon, allez. Il allait le regretter, mais il fallait tenter quelque chose. Au moins détourner un peu l'attention du type. Prenant une inspiration, Adam tendit la main et rafla la carte de visite des mains de la sangsue avant que la gamine eut le temps de la saisir.

-Ouah, trop bien, des portables neufs ? J'y ai droit aussi ? fit-il d'un ton niais.

Très malin comme plan. Adam se sentait particulièrement idiot et ne savait plus où se mettre, mais maintenant qu'il s'était lancé dans les tentatives de sauvetage foireuses, il n'avait pas trop de moyenne de revenir en arrière.

[Anju Kiyoshi]

La nouvelle et incroyable proposition d’offre de téléphones mobiles médusa la fille aux yeux bridés. Elle croyait qu’il travaillait dans une agence pour jeunes talents. Faire cadeau de portables ? Posséderait-il également une agence dans ce domaine ? A moins que pour la promotion de son agence de jeunes talents, on avait décidé d’en offrir. Mais qu’était-ce cette agence ? OCCA ne lui disait rien. Il allait falloir déranger son beau-père pour se mettre à jour dans l’actualité française. Dans tous les cas, elle trouvait cet homme sensationnel. Si elle pouvait avoir un téléphone mobile dernier cri sans rien débourser, autant le prendre, sans hésitation !

Sa main chemina jusqu’à quelque centimètre de la carte et fut arrêtée dans son élan puisqu’une autre l’avait choppée à sa place. Elle ramena sa main fermée vers la poitrine et pour combler le tout, ses joues se gonflèrent légèrement. *Quelle impolitesse ! Elle était pour moi !* A ce moment-là, elle rêva d’écrasement de pied, coup de pied et de punch contre toute effronterie. Elle était prête à bondir sur son opposant pour s’emparer de l’objet précieux dans la plus extrême exagération de l’imagination. Belles démangeaisons dans l’air. Toutefois cela s’évapora lorsque ses yeux se posèrent sur la jambe de l’homme sans gêne. Oui… sa jambe… et soudain, une magnifique pensée titilla son cerveau. Le gentleman avait dit « on en a beaucoup trop ». Alors tout allait bien. Il y en aura assez pour elle et pour le pauvre monsieur impotent. Cette idée allait faire profiter tout le monde et au final, tout le monde serait content. Pour une fois, Anju fut fière d’elle pour avoir trouvé une telle solution : Le monde resterait rose et en paix. Après tout, n’importe qui sauterait sur l’occasion en entendant cette proposition. Il fut normal que l’homme infirme en profite aussi. Ses joues dégonflées, son visage rayonna de toute beauté.

Elle aurait aimé dire ‘Oui, bien entendu ! ’ à la place de l’homme aisé mais ce serait un manque de politesse. Aussi se retint-elle en souriant à la place et en guettant de manière coquette la réponse favorable du gentilhomme.

« Mais bien sûr ! Il y en a assez pour tout le monde ! »
Aîe… c’était sorti tout seul… Bon, autant continuer maintenant qu’elle s’était lancée. Et puis, la communication lui faisait plaisir pour passer le temps et oublier la pénible attente. « Vous aimez les portables ? C’est bien d’avoir des neufs ! Le vôtre date depuis combien de temps ? Moi, je ne m’y connais pas. Mais j’adore le style de portable que tient M. Hubor. »

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