Voyage au centre d'un monde étrange

[Johann Lenir]

Vendredi 10 Avril, 23h08

L'Assamite continue à arpenter les rues de la capitale, parcourant arrondissement après arrondissement à la pêche aux renseignements, indices, trucs... au sujet des meurtres trop nombreux de vampires. Il faut bien qu'il justifie son salaire... Humpf... Oui enfin, faut bien qu'il bosse un peu, elle sera contente Angie s'il trouve quelque chose.
Des pistes l'ont amené à se rendre dans un bar du 9ème, non loin du célèbre Moulin Rouge, le Kata-bar... un endroit relativement étrange, où des humains se faisant passer pour des vampires, ou autres... choses de la nuit, se réunissent. Des Gothiques ils appellent ça ! Comme les cathédrales ! Haha !!! Ils sont vraiment poilants ces humains ! Ralalala qu'est-ce qu'ils n'inventeraient pas pour rendre leur misérable vie un peu plus intéressante !
Bref, Johann, à la base déjà pas très habitué à se fondre parmi cette marée d'êtres au sang chaud et soit-disant doués de raison, s'y est rendu... et a eu très peur en entrant ! Ils sont tous plus effrayants les uns que les autres à se maquiller de la sorte, et la majorité ont un teint encore plus blanc que le sien qui, de par sa condition vampiresque... vampiralle... vampirienne... vampirique (j'ai retrouvé youhou !), y est forcément plus qu'un humain normal.
Et ne parlons pas de leur fringues ! Non mais vous avez vu ça !? Si les vampires s'habillaient tous comme ça, ça se saurait voyons ! Bon, il y en a quelques-uns peut-être qui s'y sont essayés, il croit même en avoir aperçu un ou deux à l'Élysium lorsqu'il s'y est rendu la première fois, mais ils ne s'habillent pas tous comme ça, et ce ne sont pas les plus sains d'esprit qui le font. Ils auraient l'air de quoi, hein ? Ne répondez pas, ce n'est pas la peine.

Après s'être persuadé à rester dans ce bar malgré la peur que les autochtones lui inspirent – sérieux ils sont vraiment flippants ! - il fait un rapide tour du propriétaire pour repérer les lieux, une vieille habitude qui peut s'avérer payante en cas de coup dur, allant même jusqu'à pousser sa visite dans la salle annexe, en dessous : une cave aménagée - si on peut dire – où les humains dansent sur une musique étrange... Johann termine enfin sa course devant le comptoir, sur un tabouret libre en bout de zinc.
Il sera obligé de commander à boire, il le sait, et commence déjà à zieuter les boissons proposées par l'établissement. Des vieux souvenirs de sa vie de mortel refont timidement surface et finalement il se rappelle de ce qu'il avait pour habitude de consommer, il aimait le bon whisky et le buvait pur, sans glace. C'est d'ailleurs ce qu'il commande lorsque le barman l'interpelle. Par Caïn, la tête qu'il se paie lui aussi !!! Il a des anneaux et des piques partout sur le visage ! C'est Nessie qui serait contente de voir ça, il a dû avoir un peu mal pour se faire planter tout son matos ! Mais la rouquine lui apprendrait ce qu'est la véritable douleur, et plus jamais il ne se ferait un seul piercing, foi d'assamite !

Il reste assis là de longues minutes, parcourant furtivement du regard les clients du bar en quête de celui qui pourra lui donner les renseignements qu'il cherche, mais tout ce qu'il voit ce sont des humains, plus bizarres les uns que les autres, ah non, il y en a qui sont normaux visiblement ! Quand on regarde bien on peut les voir aussi ceux là... ils font même un peu tâche dans ce décor si spécial.
Bref, tout ça ne va pas lui dire qui il est venu rencontrer, il va falloir qu'il se mette à parler. Et si ça se trouve la personne n'est pas là ce soir et il est venu pour rien, ce serait bien sa veine ! Allez, ce ne serait pas si grave que ça, il repartira d'ici certainement avec un petit encas, et il lui montrera ce qu'est réellement un vampire, il lui apprendra à aimer la vie !

C'est à son tour d'interpeller le barman, tout ce que Johann a pour trouver celui qu'il veut voir est un prénom, un certain Fred, il espère que ce sera suffisant. Il va essayer de parler gentiment au monsieur, de ne pas lui mettre de beigne s'il ne répond pas correctement et surtout de ne pas s'énerver, ça ne l'avancerait à rien.

« - On m'a dit que j'pourais trouver un certain Fred ici, tu sais où il est ?

- Tu lui veux quoi ? »

- J'veux juste discuter, de choses et d'autres...

- Mouais... Fred il est pas là ce soir, ça fait même un bon moment qu'on l'a pas vu. Et je sais pas si on le reverra...

- Fait chier... » ("merci" en Assamite)

C'est ce que le nouveau-né avait redouté, le type n'est pas là, et visiblement ça fait un bail qu'il n'a plus donné signe de vie... Peut-être qu'il s'est fait chopé par la partie adverse... Tant pis.
Tant pis, tant pis... c'est retour à la case départ là !
Bon ben il n'a plus de raison de s'éterniser dans ce bar. Il va choisir son casse-croute et va se retirer vite fait pour aller le déguster dans un coin discret, hein... ce sera bien. Il ne va pas gâcher cette nuit qui vient de commencer en restant dans cet endroit sans intérêt...


[HJ : Je tiens à préciser que tout ce qui est écrit ne sont que les pensées d'un personnage ; l'auteur - moi en l'occurence ^^ - apprécie et respecte la culture gothique
Je tenais à faire cet aparté afin qu'il n'y ai aucune ambiguïté.]

[Eden Asmea]

Eden était déprimée. Ca lui arrivait souvent, ceci dit. Cycliquement, pour employer un mot de plus de trois syllabes. Après les frénétiques périodes d'activité, elle retombait invariablement dans un cafard aussi noir que ses prunelles, incurable et passablement agaçant. Elle ne faisait rien pour l'atténuer d'ailleurs. Elle se contentait de subir, et d'attendre. Cela durait depuis plus d'un siècle après tout. La Sethite n'avait pas envie de lutter. C'était plus facile de se laisser faire. Surtout quand on broie du noir à longueur de journée.

Bref, ça avait commencé depuis peu. Elle s'était levée un soir et paf, la déprime. Voir même la Déprime. Avec un D majuscule. Bon, elle pouvait s'y attendre. Cela arrivait de toute façon, peu importe combien de temps durait la période d'euphorie active, elle était toujours suivie par ce foutu abattement. Mais fait chier quand même.

Résultat, du coup, elle n'avait pas tellement envie de se lever. Mais elle était obligée, il fallait qu'elle boive. Ca, elle pouvait pas y couper. Roh, merde quoi, merde à la condition de vampire esclave du sang. Eden était d'humeur à faire un pamphlet là-dessus. La déprime encourageait la philosophie.

Philosophie ou pas, il fallait boire quand même. Elle s'était roulée au bas de son lit, traînée jusqu'à la salle de bains en insultant les meubles, habillée sans entrain. Mais avec classe quand même. Ce n'était pas parce qu'elle était morose qu'elle allait se permettre de sortir fringuée comme une clocharde.
Elle jeta son manteau sur son dos, glissa ses pieds dans de fines chaussures à talons et sortit dans la nuit froide.

Trouver une proie avait pris plus de temps que prévu, et ce délais n'avait pas amélioré son humeur. D'habitude, elle se laissait rarement emportée par la mauvaise humeur, mais là elle craignait de s'être un peu passé les nerfs sur l'étudiant qui rentrait chez lui. Bon il allait survivre, hein, c'était le principal. On vit très bien avec une oreille en moins. Il aurait qu'à se faire pousser les cheveux.

Eden traîna sa carcasse fatiguée dans les rues de Paris, envisageant de rentrer chez elle. En passant devant un bar, elle s'arrêta une seconde. Elle avait soif – pas la Soif -, et la déprime encourageait à la consommation d'alcool. Rentrer bourrée l'aiderait sans doute à mieux dormir, le seul remède acceptable.
La décision fut rapidement prise. La Sethite dégaina un miroir de poche, vérifia qu'elle n'avait pas de sang sur le visage, ainsi que sa coiffure par la même occasion, puis rentra d'un pas martial dans le bar.


Elle faisait tâche. Non non, inutile de se persuader du contraire, là. Elle était autant dans son milieu qu'une nonne à une réunion sataniste – même si la comparer à une religieuse était un peu inélégant. Interloquée, elle observa la dégaine des clients. Bon après tout pourquoi pas. La déco était marrante d'ailleurs. Genre le squelette sans tête en robe de mariée dans un cercueil à l'entrée. Funky l'idée.
La vampire jugea qu'elle serait aussi bien ici qu'ailleurs, et se dirigea vers le bar en ignorant les oeillades interloquées qu'on lui décrocha. Sa tête ornée d'une auréole de cheveux roux avait de quoi être remarquée dans l'endroit, vu que c'était à peu près la seule personne dénuée d'une teinture brun-noir. Sans compter la robe classique et le manteau à la mode.

Manteau qu'elle ota, posa sur un tabouret près du bar, sur lequel elle se hissa. Ses deux mains vinrent investir le comptoir métallique, et elle dévisagea le mec couvert de percings qui faisait office de barman. Le genre de personne qu'on pouvait faire souffrir facilement à l'aide d'un aimant. Huhu. Bonne idée ça.

-Un...

Son regard s'attarda sur la liste de cocktails écrite à l'ardoise derrière le type.

-...damnation éternelle.

Juste parce que le nom était marrant.

Elle s'étira mollement, tapota des ongles sur le comptoir, puis croisa le regard bleu du type assis à sa droite. Lui non plus ne faisait pas très couleur locale. Eden lui adressa un sourire désabusé et attira à elle la boisson qu'on venait de lui servir, d'un rouge qui rappelait agréablement la couleur du sang. Santé.

[Johann Lenir]

Les rayons du supermarché ne sont pas très fournis, le choix du repas de ce soir va être difficile, à n'en pas douter. Tant qu'à faire, autant éviter les piercés, on ne sait jamais, une infection peut se cacher sous le bout de métal et le sang sera moins bon, forcément ; les tatoués aussi, pour la même raison ; ce qui fait qu'il reste... ben il n'en reste plus un seul ! Bon, il fera la fine bouche un autre jour et il a vraiment envie de s'amuser un peu avec un de ces gothiques, pas à la manière Nessie - c'est vraiment cruel et beaucoup moins marrant sans elle - mais lui faire peur, juste ce qu'il faut, pas plus, pas moins.

L'assamite est sur le point de jeter son dévolu sur une nana assise seule au fond de la cave, se disant que ce sera plus facile de sortir d'ici accompagné d'une fille que d'un mec, lorsqu'une grande rouquine (décidément ^^) fait irruption. Une entrée qui ne passe pas inaperçue : c'est qu'elle détone carrément du style du bar avec ces fringues qui coûtent un rein pièce et son allure un peu précieuse, d'un autre temps.
La femme vient s'asseoir à sa gauche, sur un tabouret libre et commande un espèce que cocktail avec un nom qui colle bien à l'ambiance générale, ce qui ne manque pas de faire sourire Johann.
Quoi ? Elle a cru que c'était pour elle le sourire ? Pourquoi elle lui lui sourit aussi ? Qu'est-ce qu'elle vient faire ici elle ?
Ce n'est pas important, ce qui l'est c'est qu'il a peut-être sa chance de finalement bien manger... quoiqu'elle n'a pas l'air d'être bien épaisse la donzelle, doit pas y avoir grand chose à béqueter là-dessus. Humpf, ça fera quand même l'affaire, il ne faut pas laisser passer l'occaz'. Pis il jouera avec les gothiques une autre nuit, ils ne vont pas s'envoler... se transformer en chauve-souris... héhé, non ça n'arrivera pas.

Son verre de whisky toujours plein devant lui, et il ne risque pas de se vider autrement que par évaporation, ce qui peut prendre un certain moment, puisqu'il ne touche plus à une seule sorte de nourriture ou boisson humaine depuis qu'il est mort une fois, il pousse ce dernier sur la gauche et se décale lui-même d'un siège pour se rapprocher de la nouvelle arrivante.
On va faire un brin de causette pour la mettre en confiance, en espérant ne pas trop avoir perdu la main car il a l'impression qu'elle ne va pas être si facile à dompter que ça celle-là, au vu de ses airs.
On va attaquer sur un ton neutre et calme. Le but de l'approche : ne pas la faire fuir la gazelle dès les premières phrases.

« - Bonsoir... »

Bon début, très bon début... continue comme ça, la tactique est infaillible !
Ah... question qu'il aurait dû se poser avant d'entamer la conversation : "tu" ou "vous", à la dame ? Hmm "vous", vu l'allure...
C'est reparti !!

« - Première fois que vous mettez les pieds ici vous aussi ? Vous n'avez pas vraiment le look des habitués... c'est agréable une petite touche de vie dans ce décor morbide. », dit-il en désignant du regard les autres clients.

Mais si elle n'a pas le look, elle a un truc qui fait que... sa blancheur peut-être, c'est vrai qu'elle est étonnamment pâle. Peut-être est-elle est malade, ce n'est peut-être pas un si bon plan que ça finalement.
Ou alors elle est de la même espèce que lui... Hmm mouais, hypothèse à ne pas écarter.

L'Assassin lui tend la main pour vérifier l'idée, histoire de voir si une chaleur quelconque se dégage de ce corps, et être fixé rapidement.

« - Johann... Et vot' petit nom à vous c'est...? »

[Eden Asmea]

Le type à sa droite lui adressa la parole. Bingo, elle aurait dû parier. Sans doute le fait que les deux ne faisaient pas couleur locale, ils se sentaient donc forcément attirés. Enfin, quelque chose dans ce goût-là. Eden lui adressa un regard oblique alors qu'il se rapprochait d'elle, et en profita pour le détailler. Pas mal. Vraiment pas mal du tout, même. Plutôt bien fait, et de très beaux yeux. Dommage que la Sethite ne soit pas d'humeur à s'amuser, elle en aurait bien fait son dessert.

Enfin ça valait quand même le coup de peser le pour et le contre. Elle pouvait l'envoyer chier et rentrer se pieuter, ou tenter de rigoler avec, malgré son humeur massacrante. Bon dilemme.
Pour le coup, elle préféra repousser l'échéance, et d'attendre voir s'il valait la peine de s'infliger quelques minutes supplémentaires dans ce bar à l'ambiance glauque. S'il était assommant, elle laisserait tomber. C'était pas tout d'être mignon, fallait être un peu fun sinon on s'ennuyait.

-Bonsoir.

Il faisait des pauses, choisissait ses mots. Il devait forcément avoir une idée derrière la tête pour se montrer aussi précautionneux. Hum. En tout cas, il s'était raté. Eden était très fière de son français irréprochable et supportait mal un illettré.

*Bravo l'ami, t'as pas ouvert un dictionnaire depuis longtemps. On dit « macabre », pas « morbide ».*

Elle fit quand même un effort pour ne pas le corriger de façon cinglante. C'était un mauvais début pour une conversation, et ça se trouve il était peut-être étranger, et n'avait pas un amour des langues aussi prononcé que le sien. Eden adorait vraiment les langues sous toutes leur forme. Linguiste comme anatomique.

Une touche de vie, elle... L'ironie était tellement pitoyable qu'elle faillit en rire. Elle fit quand même un effort pour paraître impassible. Pas le moment de se mettre à glousser sans raison, il risquait de la prendre pour une schtarbée. Elle laissait ce plaisir aux Malkaviens.

-Ca change... C'est un endroit comme un autre, après tout.

Oula. Elle n'était pas très encourageante, là. Fallait qu'elle fasse un effort pour réfréner sa mauvaise humeur. Ca serait difficile, et elle n'était pas certain que l'autre en vaille le coup, mais bon. Allez hop, on se motive !

Voilà, un petit sourire en coin, l'air plus intéressé, et ça passe tout de suite mieux.

-... Mais bon, j'avoue que je ne me sens pas tellement dans mon élément.

Mieux. De toute façon elle peut pas faire plus.

L'autre gus se présenta en lui tendant la main. Et il en perdit son élocution impeccable, du même coup, en bouffant la moitié des syllabes. Aie, espérons qu'il fasse un effort, ou Eden risque de plus rien traver à ce qu'il raconte. Son français avait beau être académique, elle pigeait plus rien dès que ça baragouine.

Bon en plus elle n'aimait pas du tout serrer la main. Mais elle va pas le snober non plus. Avec réticence, elle tendit sa mimine et serra brièvement celle de Johann. La poigne était ferme et froide. La Sethite se dégagea aussi vite que la décence l'autorise.

-Eden... Enchantée.

Elle s'intéressa de nouveau à sa boisson, et retira la cerise décorative de son cure-dent à l'aide de ses dents, un geste d'une sensualité déplacée. Puis elle trempa ses lèvres dans le liquide grenat. Hum, pas mauvais en fait. Le nom était ridicule, mais ça se buvait bien.

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